dimanche 29 mars 2015

16 au 19 mars : Hampi (partie 4, les descendants d'Hanuman)

Je ne pouvais évoquer Hampi sans rendre un hommage particulier à ses habitants les plus nombreux : les singes. L'espèce la plus répandue est celle des Langurs gris (ou Langur sacrés) dont le représentant le plus célèbre n'est autre qu'un Hanuman, Dieu singe supposé être né à Hampi...  Très à l'aise sur le terrain accidenté d'Hampi, ils sont vraiment partout. Et chaque matin, c'est au bruit de leurs jeux sur les toits des bungalows de l'hôtel que j'ai été réveillé...

















samedi 28 mars 2015

16 au 19 mars : Hampi (partie 3, la vie aujourd'hui au milieu des ruines...)

Plusieurs villages sont aujourd'hui installés au milieu des ruines. Comme le site est traversé par une rivière (la Tungabhadrâ) et qu'il n'y a aucun pont, les villageois (et les visiteurs) dépendent de petits "traversiers" qui font en plusieurs endroits la navette entre les deux rives. On peut y embarquer motos ou bicyclettes (ce que j'ai fait à plusieurs reprises). Mais il y aussi un trafic incessant de coracles, petites embarcations rondes (un peu comme une demie coque de noix) qui n'ont, parait-il, guère évolué depuis le temps de l'empire Vijayanagar... 






    Les bords de la rivière servent aussi de lavoirs.

Je me suis installé dans un éco-hôtel situé dans le petit village d'Anegondi, un peu excentré mais qui présente l'intérêt d'être très authentique à la différence de ceux où se concentrent la majorité des touristes. Il n'y a aucun autre établissement que celui où je loge. Il est géré par une ONG qui utilise les revenus générés par cette activité d'écotourisme pour financer des projets de développement communautaire au sein du village. 



    L'étable se trouve souvent juste devant la maison...

    les bouses de vaches sont utilisées pour nettoyer le devant des maisons (ce procédé a des vertus antiseptiques...)

    bien sûr tant que ce n'est pas sec, cela sent un peu ! Mais après, cela donne un air très propre aux patios. Cette technique est d'ailleurs aussi utilisée à l'intérieur des maisons.

    les bouses peuvent être séchées en galettes pour servir ensuite de combustible domestique 

    La grande majorité des habitations n'a pas d'accès direct à l'eau courante. La corvée d'eau est alors une tâche récurrente qui incombe exclusivement aux femmes... 

L'ONG qui gère l'éco-hôtel où je loge est à l'origine d'un programme de valorisation de l'habitat traditionnel dont on trouve quelques beaux exemples dans le village. Certaines maisons ont déjà été rénovées pour servir de "guest-houses".





Le village possède plusieurs temples et son char qui sert à "promener" certaines idoles lors de fêtes religieuses. 


Mais il a aussi son ATM (distributeur de billets) !


Un des programmes de l'ONG consiste à développer des activités susceptibles de fournir des revenus complémentaires aux femmes. Une coopérative de transformation de la feuille de bananier a ainsi été mise en place. La fibre de la feuille de bananier est transformée en fil (ou corde pour être plus précis) qui peut ensuite être utillisée pour faire des sacs, paniers ou autres objets artisanaux prisés en Inde.  






En plus de la population rurale qui vit sur le site (et en dehors du nombre croissant de touristes, indiens y compris), la région voit passer de nombreux pélerins attirés par les temples encore en activité qui sont très vénérés de par leur ancienneté. Le plus souvent, ces pélerins dorment et mangent sur place, sous la surveillance de nombreux singes prêts - et réussissant souvent - à chaparder un part de leurs repas...



  

vendredi 27 mars 2015

16 au 19 mars : Hampi (partie 2, les ruines de la capitale Vijayanagara)

L'Empire Vijayanagar (aussi appelé empire du Karnataka) a été l'empire hindou le plus puissant et le plus étendu de toute l'histoire de l'Inde. Il s'est formé à partir du 14ème siècle en réponse aux assauts répétés des sultans du Nord de l'Inde (les 5 sultanats du Deccan) sur les petits royaumes hindous du sud (Hoysala notamment).

Le développement de la capitale de l'Empire installée à Hampi (nom actuel du site, la capitale s'appelait à l'époque simplement Vijayanagara) s'est fait au rythme de la formidable montée en puissance de l'empire qui a étendu sa souveraineté sur la moitié de l'Inde actuelle. La ville aurait atteint un demi million d'habitants vers 1500, ce qui en faisait à l'époque la deuxième ville la plus peuplée au monde après Pékin, loin devant Londres et Paris qui ne comptaient alors chacune qu'environ 200 000 habitants (!). Les voyageurs étrangers (et notamment portugais depuis leur implantation à Goa) ne manquèrent pas de décrire la splendeur, le faste et le raffinement de cette cité à son zénith. Pas moins de 7 murailles concentriques entouraient la zone où résidait l'empereur. 

Mais après l'apogée vient le déclin... En 1565, les 5 sultants coalisés du Nord se lancent à l'assaut de l'Empire. La capitale abandonnée par les forces de l'Empire sera livrée aux pillards. La mise à sac aurait duré 7 mois pour s'achever dans un énorme incendie. La ville ne s'en remettra jamais. En 1590, elle était probablement déjà totalement désertée. L'Empire - qui a déplacé sa capitale - ne lui survivra que quelques décennies. 

Totalement tombé dans l'oubli, il a fallu attendre le XIXème siècle pour que des Britanniques, alertés par le récit de pélerins hindous, redécouvrent le site couvert d'impressionnantes ruines. Il faudra attendre 1987 pour que l'UNESCO le classe au patrimoine mondial de l'humanité. Et, compte tenu de son ampleur (plusieurs centaines d'édifices recensés à ce jour), le site n'a toujours pas révélé tous ses secrets...

Le choix du site d'Hampi pour établir la capitale de l'Empire s'explique par des considérations géo-stratégiques et religieuses (le site est évoqué dans le Ramayana comme le lieu de naissance d'Hanuman, le dieu singe), mais aussi par le fait que cet immense chaos granitique représentait une formidable carrière à ciel ouvert.

Partout sur le site, des blocs abandonnés témoignent de la technique utilisée par les batisseurs de la capitale pour débiter les blocs en pierres et colonnes... Des entailles cubiques étaient d'abord réalisées là où l'on souhaitait fracturer le bloc. Des pièces en bois étaient insérées dans ces entailles, puis humidifiées. Sous l'effet de la dilatation du bois, le bloc se fracturait conformément à l'alignement des entailles. Sur de nombreux bâtiments, on retrouve encore les traces résiduelles des entailles.


Le parfait ajustement des pierres constituant les murs (aucun mortier n'était utilisé) témoigne par ailleurs de l'extraordinaire dextérité des tailleurs de pierres et des maçons de l'Empire. 



A l'entrée de nombreux temples, des dalles au sol rappellent le caractère sacré du lieu (incitation à la prosternation ?).









   une etonnante scène d'allaitement.


    la plupart des édifices avaient une base en granite et une superstructure en briques et décorations de stuc qui ont beaucoup souffert des outrages du temps quand elle n'a pas tout simplement disparu (cas le plus fréquent)


    il est aisé de retrouver en se promenant sur le site le tracé des voies de circulation 

    un espace qui devait correspondre à un grand marché


    même les tuiles étaient débitées dans le granite !





    le principal temple est toujours en activité (et le serait resté de manière confidentielle pendant la phase d'oubli du site...)

    on peut y obtenir la bénédiction d'un éléphant en échange d'un petit billet











    une des "portes" encore visible aujourd'hui. Sur le coté droit, le vélo avec lequel j'ai arpenté cet immense site.





    l'écurie aux éléphants royaux !

    l'enceinte extérieure de certains batiments est entièrement recouverte de bas reliefs





    cet étonnant bassin n'a été découvert que récemment près du palais royal. Il était enfoui sous des gravats.





Beaucoup de sommets accueillent des petits temples. Ils forment d'excellents points d'observation du site. 


    Etranges lingams (symboles phalliques de Shiva) et Nandis (véhicules du même Shiva), situés de part et d'autre d'une gorge


    Le petit temple d'Hanuman situé au sommet de la colline où il serait né (selon le Ramayana)