dimanche 1 mars 2015

1er mars 2015 : Mandalay

Un dimanche à Mandalay... En fait, le rythme de la ville est aussi fou que les autres jours. Partis à pied de l'hôtel vers 8 heures et quart, nous avons eu le plus grand mal à trouver un moyen de locomotion pour rejoindre le fleuve, à croire que les deux-roues sont tellement courants à Mandalay qu'on ne ressent pas le besoin d'y accroître le nombre des taxis, trishaws et autres pick-up. Rien de commun avec Yangon sur ce point ! Finalement, un motocycliste s'est proposé pour nous véhiculer (moyennant finance évidemment) et a hélé un second motocycliste. Nous avons ainsi traversé la ville, chacun sur une moto avec pour toute protection un casque... de chantier sur la tête, autant dire rien ! Mais, sans cette opportunité, nous n'aurions jamais pu prendre le bateau partant à 9 heures pour rejoindre Mingun, en amont de Mandalay. Il n'y a pas d'autre moyen de transport que le bateau pour s'y rendre. 






Remonter le fleuve de Mandalay à Mingun (12 kilomètres) a pris une heure. De vieux rafiots sillonnent le fleuve en tous sens transportant personnes et marchandises. Nous avons aussi croisé plusieurs radeaux de bambous qui descendent lentement le fleuve. A l'arrivée, des chars à bœufs attendent les touristes. Ce sont les... taxis locaux !




Mingun n'a jamais été une ville royale, mais a eu les faveurs de la dynastie Konbaung, et en particulier du roi mégalomane, Bodawhpaya. Celui-ci entreprit, après la conquête du royaume de Rakhine et la saisie du fameux Bouddha Mahamuni, la construction de ce qui aurait dû être la plus grande pagode du monde, mais les travaux furent définitivement arrêtés à sa mort en 1819. C'est aujourd'hui le "tas de briques" le plus haut (55 m) et assurément le plus volumineux du monde. Selon nos calculs, son volume est de 245 000 mètres cubes et le nombre de briques, de l'ordre de 50 millions ! En voyant cette masse imposante, on a peine à imaginer qu'elle devait être trois fois plus haute (170 mètres) et on pense à tous les esclaves qui ont sué sang et eau pour la réalisation de ce projet pharaonique. De gigantesques lézardes sont apparues à la suite de séismes, notamment celui de 1838. Pour autant, l'ascension, si elle est déconseillée, n'est plus interdite comme ce fut le cas après le dernier tremblement de terre de novembre 2012. Elle se fait évidemment... pieds nus. Un escalier raide mène au sommet qui est tout sauf plat et lisse. Il faut un peu jouer les ouistitis pour passer d'un bloc de briques à un autre. La vue est imprenable sur la vallée, le village et ses pagodes et récompense de l'effort fourni.







Un jus de noix de coco bu à la paille nous a requinqués après cet effort. Nous avons vu ensuite ce qu'il reste des deux énormes chintheis (statues gardant l'entrée d'une pagode) en briques, moitié lion moitié dragon, détruits en partie lors du séisme de 1838.



Un peu plus loin, une énorme cloche haute de six mètres, destinée à la pagode, a été fondue vers le XVIIIème siècle et pèserait 101 tonnes ! Elle a chu lors du séisme de 1838 sans subir de dommage et a été de nouveau suspendue en 1896.



Nous avons poussé, par une chaleur accablante, jusqu'à la pagode Hsinbyume construite en 1816, qui éclate de blancheur. Elle possède sept terrasses concentriques, fermées par des parapets en forme de vagues. Celles-ci symbolisent les sept montagnes qui, dans la mythologie indienne, entourent le mont Meru ou mont de l'univers, symbolisé par la pagode elle-même. Une crêpière a eu la bonne idée de s'installer à proximité. Nous avons fait honneur à ses produits très réussis !







Sur le chemin du retour, nous avons jeté un coup d'œil sur la pagode Pondawhpaya, qui conserve un modèle réduit, de ce qu'aurait dû être la pagode de Mingun.

Le bateau est reparti, comme prévu, à 13 heures et a mis, à la faveur du courant, nettement moins de temps qu'à l'aller pour rentrer. Tous les passagers semblaient assommés par la chaleur (38 degrés). À l'arrivée, nous nous sommes précipités sous les ombrages de la Dagon Beer Station repérée hier, pour boire une bière fraîche et manger un plat pour nous caler l'estomac. Nous avons retrouvé deux motocyclistes ensuite pour nous reconduire à l'hôtel où nous avons repris quelques forces.



L'après-midi a commencé à... 16 heures passées. Nous avons encore eu bien du mal à trouver un moyen de transport et nous sommes résolus à faire un bout de chemin, juchés tous les deux sur une même moto, derrière un conducteur heureusement prudent qui, dès qu'il l'a pu, a avisé un collègue pour dédoubler ses passagers...

Nous avons été déposés devant la "Maison du roi Mindon", là où il mourut, qui fut transformée par la suite en monastère connu sous le nom de monastère Shwe Nandaw. Une œuvre d'art exceptionnelle ! C'est un ancien palais tout en teck qui a su résister aux outrages du temps. Le toit est particulièrement ouvragé avec des motifs et des statuettes finement ciselées. Partout, le regard est sollicité. Les portes ne sont pas en reste et sont aussi ornées de statuettes. Tout autour du chœur (interdit aux femmes), des bas-reliefs sculptés et dorés racontent les quatorze dernières vies de Bouddha. Initialement la "maison" était dans l'enceinte du palais et aurait dû être détruite avec lui. Transférée à l'extérieur, elle a été sauvée.













La pagode Kuthodaw, notre deuxième visite de l'après-midi, passe pour "le plus grand livre ouvert du monde". Elle a été construite en 1857 sur le modèle de la Shwezigon de Nyaung U. Son intérêt majeur réside dans un alignement de petits édifices peints en blanc renfermant 729 stèles d'albâtre, le canon (règle des décisions solennelles) bouddhique élaboré par le synode organisé sous le règne de Mindon en 1860. L'ensemble est inscrit au patrimoine mondial depuis 1993. Nous avons vu le site dans les meilleures conditions possibles : en bénéficiant de la lumière rasante des rayons d'un soleil déclinant et après le départ des groupes de touristes !


 


Le soleil a disparu au moment où nous approchions des fossés remplis d'eau de feu le palais du roi Mindon.


Nous avons visité un dernier site, la pagode Kyauktawgyi, au pied du mont Mandalay, qui renferme un énorme Bouddha taillé dans un seul bloc de marbre. On raconte qu'il fallut 10 000 hommes et plus d'une semaine d'effort pour l'acheminer depuis le fleuve sur 25 km.





Pour une fois, un chauffeur de taxi nous a proposé ses services à la sortie de la pagode. Olivier en a profité pour négocier avec lui un tarif forfaitaire pour l'avoir demain à disposition toute la journée. Nous avons fait affaire et il nous a déposés à l'hôtel.

Après un repos bien mérité, nous sommes ressortis pour un dîner dans un restaurant... coréen, baptisé tout simplement Korea. Bien des souvenirs, vieux d'un an, sont remontés quand les saveurs des plats coréens ont titillé nos papilles.

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