mercredi 11 février 2015

10 février 2015 : Hpa An - Mawlamyine (anciennement Moulmein)

Un membre du personnel de l'hôtel nous a déposés en moto (et sans casque bien sûr), chacun à notre tour, à la station de bus peu avant midi, au moment précisément où arrivait l'un de ceux qui assurent plusieurs fois par jour la liaison entre Hpa An et Mawlamyine, première capitale de la Birmanie britannique (1827/1852) sous le nom de Moulmein, et capitale de l'Etat Môn. 


Chose amusante, c'était un ancien bus coréen conservé tel quel (avec dans l'habitacle, le détail de l'ancien itinéraire et des publicités en coréen). Il a desservi tous les villages entre les deux capitales d'Etat. Une fois de plus, nous avons été touchés par l'amabilité et la curiosité bienveillante des voyageurs birmans à notre égard. Une femme au regard plein de douceur nous a même adressé un baiser virtuel au moment de quitter le bus.




La route traverse essentiellement un paysage de plaines rizicoles. Loin d'être symbolique, la limite entre les deux États, même si elle est franchie aisément, est encore matérialisée par des chicanes à hauteur du pont sur le Thanlwin ou Salouen.

Chemin faisant, nous avons eu une pensée pour Adrien qui fête aujourd'hui ses 25 ans et devait au même moment, se préparer pour aller... travailler ! Nous avons atteint Mawlamyine vers 13 heures. Son nom signifié "œil perdu", car le roi Môn y perdit un de ses yeux. Aujourd'hui 3ème ville de Birmanie avec une population estimée à 300 000 habitants en 2009, elle doit son essor à son port de mer et constitue un nœud important de communication, disposant d'une grande station de chemin de fer, d'un aéroport et du pont sur la Salouen (le plus long pont de Birmanie) qui a remplacé un bac au début du siècle et la relie à Mottama (anciennement Martaban) sur la rive nord du fleuve. Elle est le point de départ occidental du couloir économique ouest-est qui traverse la péninsule indochinoise jusqu'à la ville vietnamienne de Da Nang. 

Olivier a profité du fait que nous étions à la gare routière pour réserver deux places dans un bus à destination de Bago, demain à la mi-journée. En l'absence de taxi, c'est en tuk-tuk, un tricycle motorisé très répandu ici, moyen de locomotion que nous n'avions pas encore utilisé, que nous avons fait une arrivée triomphale à l'hôtel. L'hôtel Attran, plutôt haut de gamme pour la ville, est confortable et bien situé, en bordure du fleuve, avec une vue imprenable sur le fleuve et le fameux pont métallique.


A ce stade du voyage, nous ne voudrions pas donner une vision tronquée du Myanmar. Le pays est un des plus pauvres de la planète. Tout reste à faire dans la plupart des domaines essentiels que sont l'éducation, l'eau et l'assainissement, la santé, l'énergie électrique et la protection (on n'en est pas encore à la gestion !) de l'environnement. Il y a un revers à toute médaille et, en l'occurrence, le Myanmar revêt aussi souvent l'aspect d'un immense cloaque ou d'une décharge à ciel ouvert. Les infrastructures manquent pour collecter et traiter les déchets ménagers. Le réflexe des habitants est de jeter par les portières des véhicules ou par les fenêtres des maisons, toutes sortes de déchets (notamment de grandes quantités de plastique). Il faut dire que l'apparente passivité des autorités dans ce domaine ne leur laisse guère le choix. 

Ainsi, pendant que notre camion descendait de Kyaiktiyo, nous avons vu un passager jeter tout naturellement pas moins de cinq grosses bouteilles en plastique vides par-dessus la ridelle. Les eaux usées tombent parfois du premier étage des maisons sur un des côtés. Tout est à l'avenant. Ajoutez dans le paysage les nombreux chiens errants efflanqués et souffreteux et les omniprésents crachats couleur rouille des feuilles de bétel sur le sol, et vous aurez un tableau encore plus réaliste de la situation. Les photos ci-dessous ne donnent qu'une petite idée du problème. Nous avons vu bien pire à Rangoon, trop choqués (au bord de la nausée) pour prendre une photo... Il ne semble pas y avoir dans la population qui se bat pour survivre, la moindre conscience des enjeux environnementaux immédiats.  Alors, aborder des enjeux mondiaux comme le changement climatique, serait peine perdue ! Tout cela me rappelle malheureusement le Mali. C'est un autre point commun entre les deux pays et comme au Mali, le phénomène semble plus accentué dans les villes que dans les campagnes. 




Mais revenons à Mawlamyine. Après nous être installés rapidement et avoir, une fois de plus, vainement tenté de mettre en ligne une nouvelle page du blog, nous sommes partis à la découverte de la ville. Au départ de l'hôtel, nous avons emprunté une des principaux axes routiers, celui qui passe devant le marché que nous réservons pour demain. Le trafic est intense. La rue est bordée de constructions de faibles hauteurs, décaties, mais qui témoignent assurément d'une splendeur passée. 






Un crochet pour voir le fleuve Thanlwin de près, a été l'occasion de tomber sur un vieux cinéma fermé et un restaurant local, baptisé "Grand-Mother and Grand-Father Restaurant", dont les profits sont versés à des oeuvres s'occupant des personnes âgées. Nous avons fait honneur à un plat de riz frit épicé aux crevettes pour l'un, de riz cuit à l'étuvée aux crevettes aussi pour l'autre. Un cadre on ne peut plus rustique (avec une décharge en contrebas!), mais une cuisine familiale très honnête ! 




Nous avons sillonné le quartier populaire qui nous séparait de la pagode que nous voulions voir, une occasion de voir une série de vieilles maisons de bois datant de l'ère coloniale, de capter des sourires, de voir des artisans à l'œuvre et d'apprécier la diversité des religions représentées, puisqu'à peu de distance on trouve la cathédrale, des mosquées, des temples hindous, chinois et  bien sûr un grand nombre de pagodes. Ce formidable brassage ethnique, héritage du rôle central de cette ville dans le système colonial britannique est d'ailleurs une des caractéristiques de Mawlamyine.






    Une ancienne demeure coloniale...

    Un indo-musulman préparant des rôtis (pains plats cuits sur une plaque)




Les pagodes (payas) les plus importantes sont bâties sur une ligne de crêtes. Elles sont reliées entre elles par des passages et des escaliers couverts. La paya Mahamuni, la plus grande et la plus imposante des pagodes de Mawlamyine, est un bel exemple de l’architecture de style môn. L'escalier couvert, qui y mène, est jalonné de nombreuses statues. Quant à la paya Kyaikthanlan, elle date de 875, et est entourée, à elle seule, de 34 petits stupas. C’est d'elle dont il est question dans le poème Mandalay de Rudyard Kipling. Pour la petite histoire, Thanlan signifie « défaite du Siam » en môn. La pagode célèbre une victoire atypique des Môn sur les armées siamoises. Il s’agissait de construire la pagode la plus haute en un minimum de temps. Tandis que les Siamois s’étaient lancés dans une construction en dur, les Môn les prirent de vitesse en construisant une pagode de papier...











Nous avons assisté au coucher du soleil, mais nous commençons à faire la fine bouche. Il n'avait rien d'extraordinaire. Nous avons traversé au retour un quartier populaire où un marché de nuit a attiré notre regard.




Olivier ayant eu plus tôt un petit malaise (coup de chaleur ou de fatigue ?) sans conséquence, nous nous sommes finalement mis en quête d'un moyen de locomotion pour faire les deux kilomètres environ nous séparant de l'hôtel. Seule s'est présentée une moto... Nous avons par conséquent fini la journée comme nous l'avions commencée, en chevauchant un taxi deux-roues, mais cette fois nous étions trois à califourchon, ce qui est très fréquent ici. Il faut un début à tout et une fois n'est pas coutume... 

3 commentaires:

  1. coucou tous les 2,j'ai transmis à Marie l'adresse du blog.
    Je viens de passer un petit moment à voyager,merci pour toutes ces photos et j'espère que le petit malaise d'Olivier est oublié.
    Bise à tous les 2.
    Dominique Rajo

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  2. Hello !

    Votre parcours est assez fascinant et me replonge dans mes souvenirs birmans qui datent de 2007...la situation semble avoir pas mal changé à Rangoon mais pour le reste rien n'est moins sûr...
    Je vous souhaite de belles balades/rencontres/découvertes dans ce pays qui n'en manque pas...

    P.S: avez vous lu avant de partir la vallée des rubis de Kessel ? si la réponse est non, foncez !

    Amitiés

    Xavier (le nantais !)

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  3. Le rythme trépidant de vos aventures est digne d'une B.D.
    La qualité et l'intérêt des photos et commentaires sont toujours au top !
    Continuez.
    Annouk

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