lundi 16 février 2015

12 février 2015 : Bago - Thandwe (Ngapali Beach)


Le jour pointait à peine, lorsque nous sommes sortis sur le trottoir, en face de la "maison d'hôtes", dès 6 heures et quart, pour voir la procession des moines en quête d'aumônes. 



En fait, ce ne sera pas la seule, nous en verrons d'autres dans le courant de la matinée. La procession est parfois annoncée par haut-parleur. Les habitants guettent son passage sur le pas de leurs portes et remettent aux moines nourriture et espèces.




Le temps est resté laiteux une partie de la matinée (au grand dam des photographes). Nous avons eu recours à un nouveau moyen de locomotion pour nous déplacer en ville, le vélo. La tenancière de la "guest house" nous en a loué deux, pas de la première jeunesse, mais qui nous ont permis d'être autonomes et non tributaires d'un quelconque moyen de transport collectif.

Notre circuit, même limité dans l'espace compte tenu du délai dont nous disposions, nous a permis de nous faire une petite idée de Bago, qui est située à 80 km au nord-est de Rangoon et compte 220 000 habitants. C'est une ville aux contrastes très marqués entre des artères bruyantes et chaotiques et des ruelles adjacentes calmes, bordées de maisons en bois très pauvres.

La circulation était fluide à 7 heures. Elle l'était nettement moins à 9, surtout aujourd'hui, "Union Day", jour de fête nationale. Les administrations étaient fermées, mais les activités privées battaient leur plein. Le centre ville donnait lieu à un vrai tohu-bohu assourdissant : une ruche vibrillonnante, sur fond de coups de Klaxon et de bruits de moteurs pétaradants. Des maisons étaient pavoisées aux couleurs nationales. Des quêtes avaient lieu sur la voie publique. Les haut-parleurs s'en donnaient à cœur joie. Nous avons assisté aux prémisses d'une manifestation officielle, avec estrade, rangs pour les VIP, détachement en armes et musique militaire. J'imaginais, sans l'envier, le Corps diplomatique réuni en ce jour pour subir une série de discours convenus...


Nous avons commencé par nous rendre à la pagode Shwemawdaw, une des plus vénérées de Birmanie. Elle ressemble comme deux gouttes d'eau à la Shwedagon de Rangoon. Leur origine est semblable. La construction originale incombe à deux frères marchands qui y auraient enchâssé deux cheveux sacrés de Bouddha que celui-ci leur aurait donnés de son vivant. La pagode fut ensuite surélevée à 25 m et 27 m, par les rois Thamala et Wimala, en 825 et 840. Aujourd’hui, elle domine la ville de ses 114 mètres et dépasse la Shwedagon. Recouverte d’or, elle n’a rien à lui envier. Son originalité architecturale est sa base octogonale, sertie d’une double rangée de petites niches. Elle tient encore debout grâce à l’entêtement des Birmans qui l’ont reconstruite maintes fois. Le vent fit tomber le hti (partie faîtière) une première fois. Remplacé, il retomba lors du tremblement de terre du 5 juillet 1917. Aujourd’hui, on peut en voir les décombres sur le côté de la pagode. Le dernier des tremblements de terre, celui de 1930, fut particulièrement ravageur et détruisit l’ensemble de la pagode. Sa dernière reconstruction date des années 1951/54. Son environnement est plus sobre que celui de la Shwedagon, mais elle possède quelques gadgets anciens que l'autre n'a pas, comme un petit manège et une installation de vrilles qui tournent sans fin.







En traversant un quartier populaire, nous sommes tombés sur un mariage à 7 heures et demie ! Un auvent était dressé au milieu de la rue. Des invités mangeaient un plat à base de riz et de poulet, accompagnés de condiments. Nous avons été conviés à nous joindre à eux et avons pendant quelques instants ravi la vedette aux jeunes mariés visiblement heureux d'avoir des hôtes étrangers imprévus. Nous avons été photographiés sous toutes les coutures et avons reçu chacun un petit cadeau symbolique, un verre. Nous avons laissé la fête se poursuivre après avoir pris congé des mariés pour reprendre notre découverte des pagodes de Bago.




Après avoir vu une pagode juchée sur un promontoire, que nous n'avons pas réussi à identifier, la curiosité nous a poussés à aller voir la pagode du Serpent. Elle abrite réellement un gros python de plus de 5 mètres de long, que nous avons vu assoupi (sans doute repu) et lové sur lui-même, mais sans vitre de protection. Il est censé être la réincarnation d’un moine de Hsipaw. Les Birmans lui vouent une dévotion toute particulière car il accomplirait quelques bonnes grâces aux croyants les plus assidus. Le python est donc recouvert quotidiennement de billets de banque, dans l’espoir d’attirer la bonne fortune. Il demande, paraît-il, pour prix de sa placidité, à être alimenté généreusement chaque jour.





Dans la paya aux quatre Bouddhas, ceux-ci sont représentés début et occupent chacun un des côtés d'un monument. A proximité immédiate, sont regroupés, dans un petit espace ombragé, 28 statues de Bouddha.



Nous avons terminé par deux bouddhas couchés. Le premier, Nawdawgyi Myathalyaung (76 mètres de long) en plein air, date de 2002. Le second, dit Shwethalyaung, a été érigé en 994 et oublié pendant des décennies, avant d'être redécouvert en 1880. Très vénéré, il est aussi l’un des plus longs (16 m de haut et 55 m de long). Il est représenté, souriant, les yeux ouverts et les doigts de pieds en éventail, position du repos et non de l’Illumination.









    
Après un bref passage par notre "maison d'hôtes", nous avons pris, à 11 heures, un minibus théoriquement de 26 places, mais l'adjonction dans l'allée centrale de petits tabourets en plastique permet de répondre judicieusement à des besoins supplémentaires... Le terminus étant à quelques kilomètres de l'aéroport de Rangoon, un taxi nous y a conduits pour prendre tranquillement notre vol (un ATR 72-600 rutilant des Golden Myanmar Airlines) à destination de Thandwe dans l'Etat de l'Arakan (ou Rakhine) en milieu d'après-midi. 

On survole, en quarante-cinq minutes à peine, des paysages très différents, passant d'une vaste pleine alluviale à de la moyenne montagne, qui semble vide de toute présence humaine : ni routes, ni même chemins, ni habitations ! 


Quand l'avion s'est posé sur la piste du minuscule aéroport de Thandwe, au bord du golfe du Bengale, dans la partie sud de l'Etat Rakhin (Arakan), au nord-ouest de Rangoon, et surtout quand nous nous sommes installés au Thandwe Beach Hôtel de Ngapali, nous avons eu l'impression de changer sinon de planète, du moins de pays, tant nous n'étions plus habitués au luxe, à un certain raffinement et au calme...

 
Ngapali n'a pas de sens en birman. Son nom lui aurait été donné par un marin italien et serait une simple déformation du nom de la ville de Naples ! C'est une plage de sable fin de trois kilomètres de longueur, bordée d'une belle végétation tropicale et située à sept kilomètres de Thandwe, un cadre de rêve, la plus belle plage du pays, paraît-il.

Pour nous, c'est un peu une parenthèse et une phase de repos de trois jours dans un voyage dans l'ensemble dense et un peu fatiguant.


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