mardi 10 février 2015

9 février 2015 : Hpa An et environs

Nous avons consacré la journée à découvrir les petites merveilles que recèlent les environs de Hpa An. Elles sortent un peu des sentiers battus par le gros des touristes. Les guides en anglais en parlent peu, contrairement aux français, ce qui explique sans doute la sur-représentation des Français parmi les touristes qui s'y hasardent.

Nous sommes passés d'un extrême à l'autre. Après avoir utilisé depuis quarante-huit heures des moyens de locomotion collectifs plutôt rudimentaires, nous nous sommes promenés toute la journée dans une voiture climatisée, avec un chauffeur nommé Tum Oo Kyaw et un guide anglophone répondant au nom de Ko Ko Zin.

Nous avons sillonné la région où alternent montagnes karstiques aux pentes abruptes, couvertes de végétation, et rizières d'un beau vert. Nous avons emprunté des routes goudronnées, mais aussi pas mal de pistes en latérite. Nous avons aussi beaucoup marché, monté et descendu d'escaliers dans des grottes souvent peu éclairées (nous nous étions opportunément munis de lampes électriques fort utiles) et toujours pieds nus, car elles étaient sacrées. Ceci exige de prendre quelques précautions pour ne pas glisser ou se tordre une cheville. Nous avons pris de bonnes suées tout au long de la journée. Nous avons surtout admiré des sites étonnants, pas moins de neuf, un vrai feu d'artifices ! 


Chronologiquement, la première grotte visitée fut celle de Kawt-Ka-Thaung. Elle est annoncée par une longue procession de moines qui s'y rendent. Les statues se suivent sur le bord d'un chemin en lisière de forêt. La grotte recèle plusieurs bouddhas de taille moyenne, dont un double couché et une cinquantaine de petits bouddhas blancs. On remarque aussi un ermite reconnaissable à son aspect famélique.





Non loin de là, le village de Lat-Ka-Na mérite le coup d'œil en raison de son cadre, au milieu des rizières, de son calme et de son habitat, notamment des maisons dont les parois sont encore formées de larges feuilles qui doivent être renouvelées chaque année. Quelques buffles paissent paisiblement, un oiseau perché imperturbablement sur l'échine. Un habitant nous a initiés à la technique de marcottage. Chemin faisant, nous avons appris que la scolarité n'était obligatoire que pendant cinq ans et qu'un enseignant gagnait environ 200 000 kyats par mois (environ 175 euros).







Troisième étape de notre périple, les grottes de Saddan sont gigantesques. On y accède par un escalier monumental gardé par deux éléphants blancs. Elles sont formées d'une succession de salles. Les premières abritent de très belles sculptures de bouddhas et de nats (esprits). Les suivantes s'enfoncent dans les ténèbres et sont ornées d'impressionnantes stalactites. Elles traversent la montagne et donnent à l'autre extrémité sur un petit lac environné de rochers karstiques, où des pêcheurs attendent pour raccompagner, moyennant quelques centaines de kyats, les visiteurs qui le souhaitent, dans des barques étroites et plates, en commençant par emprunter un tunnel sous la roche, puis un chenal au milieu des rizières. On contourne ainsi la montagne pour revenir au point de départ. Une balade très bucolique !





    La sortie de la grotte de l'autre côté de la montagne...








L'étape suivante nous a menés au pied du mont Me-Zwe-Ka-Bin, le plus haut massif de la région (732 mètres). Mais question, vu le temps dont nous disposions, d'en faire l'ascension pour voir la pagode qui le couronne ! Il y a bien un projet de téléphérique, mais nous n'avions pas le temps d'attendre qu'il se concrétise. En revanche, nous avons eu tout loisir pour voir les quelque 1 100 bouddhas assis en lotus et alignés à ses pieds dans la végétation. Un tableau insolite !



A Kyat-Ka-Lat, nous avons commencé par déjeuner à la cantine du monastère d'un plat de riz blanc agrémenté d'un curry de légumes, assis en tailleur le long d'une grande table basse. Chacun se sert en puisant dans de grandes bassines et trouve sur la table des condiments divers. Le repas est offert aux pélerins mais une petite donation est la bienvenue. Nous nous sommes rendus ensuite par une longue passerelle jusqu'au pied d'un piton rocheux à la forme singulière, puisqu'il est plus étroit à la base qu'au sommet. Un petit monastère et des stûpas sont construits au pied du piton couronné par un autre stûpa. Un escalier étroit permet de grimper jusqu'à mi-hauteur jusqu'à un autel et avoir une vue générale sur le lac artificiel et ses abords. Quelques palétuviers en fleurs agrémentent l'ensemble.





Sixième étape, la grotte de Bayin-Nyi combine religieux et profane. Les statues de bouddhas couleurs blanc et or et de nats aux couleurs vives cohabitent et forment un ensemble très kitsch. Elles sont accessibles par un escalier raide (un de plus !), aux marches inégales (mais c'est assez fréquent en Birmanie !). Plusieurs bassins sont chauffés naturellement et sont utilisés de façon séparée par les hommes et les femmes. C'est là aussi que nous avons vu nos premiers singes, petits, agiles et peu farouches.











La grotte de Ya-Thay-Pyan aligne une rangée de bienveillants bouddhas aux couleurs blanc et or. Certains ont plus souffert que d'autres de l'usure du temps, bien que préservés des rayons du soleil. La traversée de la grotte (toujours pieds nus) permet d'atteindre une ouverture offrant un très beau point de vue sur la plaine rizicole. Là encore, des singes tournent autour des véhicules sur le parking dans l'espoir de quelques nourritures.








La grotte naturelle calcaire de Kaw-Goon, située à 116 mètres au-dessus du niveau de la mer, est un véritable joyau menacé malheureusement par une cimenterie qui, en étendant ses carrières à coups d'explosifs, fissure et fragilise le site, peut-être le plus beau que nous ayons vu aujourd'hui, encore qu'un palmarès soit difficile à établir. La paroi rocheuse est tapissée de tablettes votives en terracotta, rehaussées ça et là d'or et de couleurs. Celles-ci épouse les caprices de la roches en d'immenses tapisseries. L'intérieur est un enchevêtrement de statues et de tablettes. L'ensemble serait daté du VIIème ou du XIIIeme siècle.















Nous avons terminé par une neuvième étape, la grotte aux chauves-souris. Le visiteur a la possibilité d'accéder au sommet d'un promontoire qui offre un point de vue intéressant sur la rivière Thanatos Lwin (vu la taille, on parlerait plutôt de fleuve en Europe) et la campagne alentour, mais l'attraction est d'assister, quelques minutes après le coucher du soleil, alors qu'il fait encore jour, à l'envol de centaines de milliers de chauves-souris qui sortent d'une anfractuosité de rocher, comme propulsées à l'extérieur par une immense soufflerie. C'est un spectacle fascinant qui a lieu autour de 18 heures et dure au moins dix minutes sans discontinuer.



Nous sommes par conséquent rentrés de nuit à Hpa An et étions de retour à l'hôtel à 18 heures 30. Vu le rythme et la fatigue de la journée, il n'était pas question de ressortir dîner en ville !   

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