jeudi 19 février 2015

17 février 2015 : Mrauk U

Le petit-déjeuner sur la table d'hôte installée sur la terrasse de l'hôtel m'a fait penser à certains petits-déjeuners pris à la table commune, dans des gîtes ou maisons d'hôtes sur le chemin de Compostelle. 



Nous avons embarqué vers 9 heures dans un petit pick-up à bord duquel avaient déjà pris place, outre le chauffeur et un guide birmans, nos amies australienne et sud-coréenne, ainsi qu'une Taïwanaise. Nous avons passé la journée à sillonner ensemble Mrauk U, à aller d'un site à l'autre. J'en ai recensé... dix-sept !


Même si ces sites en sont les témoins, il est difficile d'imaginer en voyant l'état de la ville aujourd'hui et sa démographie qu'elle ait été au XVIème siècle une capitale aussi florissante, "vitrine de l'Orient", dotée d'un palais puissant, complètement arasé de nos jours et dont il ne reste que le mur d'enceinte. Vaincu en 1784, Mrauk U sombra dans l'oubli et fut envahi par la jungle, les violentes moussons se chargeant d'accélérer les dégradations. L'histoire de Mrauk U illustre une nouvelle fois l'adage selon lequel les civilisations sont mortelles, que rien n'est jamais acquis...

Nous avons croisé, en partant, nombre d'écoliers sur le chemin de l'école, tous vêtus d'un longyi et d'une chemise ou d'un corsage blanc. Nous avons constaté aussi dès notre arrivée et encore tout au long de la journée, que les maisons, contrairement à Sittwe, n'étaient pas pavoisées aux couleurs du bouddhisme militant.

La plupart des sites visités ont ceci de particulier qu'on est dans l'ensemble loin du clinquant et du kitsch vus jusqu'à présent. Beaucoup de pagodes sont en pierres encastrées les unes dans les autres, sans recours à un quelconque mortier.

Nous avons commencé par revoir deux sites visités hier, mais avec une lumière différente, la pagode Peisi Daung et la pagode Koe Thaung Dû.

















Nous ne nous étions pas arrêtés hier au Mong Khong Shwe-du construit en 1629, à proximité de la pagode Pharaouk sur le tertre de laquelle nous étions montés pour voir les vingt-neuf niches abritant autant de statues de Bouddha et correspondant aux vingt-neuf municipalités du royaume de Mrauk U.

Notre cinquième site était en fait le plat de résistance de la journée, la pagode Shitthaung. Construite en 1535 pour commémorer la victoire sur les douze provinces du Bengale et des forces portugaises, elle a l'aspect d'une forteresse et est l' "écrin aux 80 000 statues" du roi Minbin, le souverain le plus puissant de la dynastie de Mrauk U. Ses murs sont formés de blocs de grès assemblés sans mortier. Ils sont surmontés de clochetons. Après avoir traversé une salle un peu fourre-tout comportant pas mal de statuettes de Bouddha et au plafond et aux cloisons peintes de scènes figuratives, on emprunte un couloir étroit pour accéder à une statue de Bouddha de 3 mètres de haut, couverte d'or, qui est au cœur du sanctuaire. Trois déambulatoires concentriques contournent la cavité centrale. Ils sont abondamment décorés de bouddhas et de fresques. Au-dessus du sanctuaire s'élève un énorme stûpa en forme de cloche, entouré de stûpas plus petits.

Non loin de là, la pagode Andaw Thein date de 1598. Construite en bloc de grès par le roi Rajagyi (1593-1612), elle a une forme octogonale. Elle dispose d'une salle de méditation. Deux galeries contournent le cœur de l'édifice qui est fermé. Elles sont décorées de niches sculptées dans la pierre et abritant des statues de Bouddha. Entre les niches, se dressent des sculptures de divinités hindoues. Le plan de ce sanctuaire ressemble sensiblement à celui de son voisin.



Ratana Pon Ceti est une pagode massive datant de 1612. Elle a été endommagée par un obus pendant la Seconde Guerre mondiale.

Nous avons achevée la matinée par la visite d'une huitième pagode, Htuk Kant Thein (1571) ressemblant à une place forte, et d'une neuvième, Lay Mye Thna (1430), caractérisée par quatre entrées.

Nous avons fait une pause déjeuner de 13 heures à 14 heures dans un des restaurants identifiés comme ayant un bon rapport qualité prix, le Happy Garden. Une constante des restaurants du pays est la présence d'une petite poubelles sous chaque table.




Nous avons repris notre parcours qui comprenait encore huit sites d'intérêt inégal :

- Lawkamanaung (1658), située à l'ouest du centre ville, est gardée par des cochons d'Inde ; l'adjonction d'une salle de méditation menant à une statue en pierre de Bouddha assis de 3,5 mètres de haut, n'est pas du meilleur effet sur le plan esthétique ;

- plus au nord, plusieurs sites sont relativement groupés. Nous avons enchaîné Khrain Kaîk Pitakataik (il ne reste pratiquement rien de cette bibliothèque datant de 1591 autrefois magnifiquement ornée de ciselures), Htupayon Ceti (1494), Anawma (statue), Mahabodhi Shwegu (?), Laung Bwann Brauk Ceti (1525) et Ratana San Rwe et Ratana Hman Kin, dont la terrasse offre un beau point de vue sur l'ensemble des sites septentrionaux.





Nous avons terminé (17ème étape !) par le Sanda Muhni Phara Gri Ky Aun, une pagode plus classique qui accueille de nombreux moinillons et marque pour nous un retour au kitsch triomphant birman. Une des statues en or fut camouflée dans du ciment en 1850 pour la protéger des convoitises britanniques et redécouverte seulement en 1988, incidemment.


La douche a été un vrai moment de bonheur après cette journée marathon. Trop fatigués pour avoir envie de ressortir en ville, nous avons choisi de dîner d'un plat de nouilles aux légumes préparé au Prince Hôtel, agrémenté de morceaux de pastèque en dessert.

Le gros point noir de la journée reste la poussière que nous avons abondamment respirée. Elle a déclenché chez moi une trachéite que je ne parviens pas à maîtriser. J'enchaîne quinte sur quinte. Un masque anti-pollution aurait été utile. Je ne peux que conseiller au lecteur tenté par une visite de Mrauk U de s'en munir...

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