mercredi 11 février 2015

11 février 2015 : Mawlamyine (Moulmein) - Bago (Pegou)

Tenir quotidiennement un blog en Birmanie - le lecteur l'aura compris - est un peu galère (accès très aléatoire à internet) et met parfois les nerfs à rude épreuve. Mais, ce matin, le Ciel était avec nous. Le débit était suffisant pour combler le retard de ces derniers jours. Il faut dire que nous nous y sommes mis à 5h45, ayant été réveillés dès 5h30, comme hier, par un haut-parleur intempestif, sorte de muezzin qui incite les autochtones à se lever.

Vers 10 heures, nous avons embarqué, à hauteur du grand pont à armature métallique qui date, nous a-t-on dit, de 2004, dans une barque qui a accosté, après quelques minutes de traversée, sur Kyun Gaungse, appelée aussi « Shampoo Island ». Cette petite île doit son nom à la cérémonie annuelle de lavage de la chevelure royale qui s’y déroulait sous la dynastie d’Ava. L’eau d’une source de l’île était exclusivement consacrée à cette cérémonie. Elle abrite désormais un monastère avec une ribambelle de moinillons. On peut y voir un grand nombre de zedis (34, dixit un guide, je n'ai pas vérifié, mais des pointes de toutes tailles émergent effectivement en grand nombre de la végétation). Il y a aussi des statues de bouddhas, de serpents et de dragons dispersées sur l'îlot. Une atmosphère paisible règne dans ce petit paradis, à cent lieux de l'activisme citadin, du brouhaha et des moteurs pétaradants. Les habitants se sont lancés dans la culture des orchidées. Un jeune moine nous avait pris en amitié et nous a même montré le dortoir des moinillons.
















De retour sur le "continent", je suis allé seul jeter un coup d'œil au marché dont l'activité tous azimuts battait son plein. Le légume le plus vendu semble être l'oignon à en juger par la quantité de gros filets rouges entassés un peu partout. On dit que le Birman est le plus gros consommateur d'oignons dans le monde par tête d'habitant ! Olivier a préféré se reposer, l'estomac et les intestins n'étant pas complètement stabilisés depuis hier soir. Les miens ont tendance à être d'ailleurs solidaires des siens ! Nous nous sommes mis spontanément à la diète. 




Notre chauffeur de tuk-tuk d'hier avait bien pris soin de postuler pour nous reconduire aujourd'hui à la gare routière. Il est même venu en avance pour être sûr de ne pas nous manquer, de sorte que nous avons été largement dans les temps pour prendre notre bus à destination de Pago. Celui-ci a quitté Mawlamyine à 13 heures comme prévu. Nous étions les seuls Occidentaux à bord.


Nous avons apprécié le confort du bus avec sièges réglables, distribution d'une collation par une hôtesse charmante et film sur différents écrans de télévision, dont nous nous serions bien passés au demeurant car il était en birman bien sûr à un niveau sonore pour sourds et malentendants, relevait d'une série B standard, avec ce qu'il faut de drame psychologique pour émouvoir le spectateur, et mettait en scène une frange de la Birmanie très aisée (résidences luxueuses, voitures de sport...), aux antipodes de celle qui défilait sous nos fenêtres...

Le Ciel si bénéfique ce matin, nous a un peu abandonnés, quand nous sommes arrivés à l'entrée de Thaton. Nous avons mis une heure pour traverser la ville, en raison d'une manifestation de rue,  apparemment des partisans d'Aung San Su Ky, l'opposante emblématique à la junte, aujourd'hui députée au Parlement. Alors que nous nous croyons sortis d'affaire, nous nous sommes heurtés un demie heure plus tard à un véritable barrage dans la traversée d'un village, avec sit-in sur la chaussée et obstacles de barbelés. Nous avons encore perdu trois bons quarts d'heure !




Nous n'en avions pas fini avec les surprises. Le bus s'est arrêté une demi-heure à mi-parcours pour permettre aux passagers de se restaurer. 





Le bus ne desservant pas directement Bago, nous sommes descendus à un carrefour d'une localité située encore à une bonne vingtaine de kilomètres de notre destination. Vu le retard accumulé, il faisait nuit noire. Nous avons fait fi de propositions de trajet en moto, compte tenu du prix demandé. Je n'étais pas mécontent d'y avoir échappé, surtout avec un gros sac de voyage et un sac à dos. Finalement, l'épopée s'est poursuivie dans une camionnette aménagée en transport en commun (nous avons évité de grimper sur le toit cette fois-ci). Bien que nous soyons familiers maintenant de ce mode de transport, celui-ci présentait quelques caractéristiques inédites : rouler au gaz, foncer de nuit, effectuer les dépassements de poids lourds selon les indications fournies par l'accompagnateur perché sur la passerelle arrière (on se souvient que le volant est resté à droite en Birmanie), freiner brutalement pour prendre un nouveau passager aperçu tardivement dans la semi-obscurité des villages, nous obligeant à nous cramponner à deux cordelles qui pendaient fort opportunément à l'arrière du véhicule. Le pire n'étant jamais sûr, il restait, arrivés à Bago, à régler la question de l'hôtel, le seul pour lequel aucune réservation n'avait été possible. Et là, miracle, retour en force de l'aide du ciel, nous avons eu la dernière chambre dans une "maison d'hôtes", la San Francisco Guest House. Pas le luxe, mais le calme...

Plus de six heures et demie se seront écoulées entre le départ du bus de Mawlamyine et notre installation à Bago, chef-lieu de "division", une ville de 200 000 habitants, à 80 km au nord-est de Rangoon. Une journée encore riche d'expériences variées... Pas question de sortir en ville dans la nuit et par un vacarme assourdissant ! Repos et diète...

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