lundi 23 février 2015

22 février 2015 - Bagan

Le soleil n'attend pas ! Pour le surprendre quand il se lève, il faut, à l'évidence, avoir une longueur d'avance... Nous avons par conséquent récupéré nos "e-bike" dès 6 h 30 pour rejoindre une pagode repérée par Olivier, comme étant un bon point d'observation pour assister à un lever de soleil. L'air est frisquet, le matin, de très bonne heure, et une petite laine n'aurait pas été superflue, surtout en fendant l'air sur nos petits bolides électriques... Sur place, ce fut "comme dans les guides". Nous avons vu le ciel rosir, une quinzaine de montgolfières s'élever sans bruit dans les airs, un soleil rouge émerger soudain à l'horizon, les monuments prendre une teinte rouille et, peu à peu, une brume se répandre entre les stupas. Nous sommes restés un bon moment à observer, en silence, le spectacle qui s'offrait à nous...







Nous avons repris nos pérégrinations et profité de l'heure encore matinale pour découvrir les premières pagodes sans trop de visiteurs, avant même parfois l'installation des vendeurs de cartes postales, de dessins d'enfants, de gravures et de pacotilles. Les "marchands du temple" sont en effet souvent envahissants sur le sites les plus fréquentés. Le mercantilisme tend à se développer, une certaine forme de mendicité aussi. La rançon du tourisme de masse ! L'autre rançon est bien sûr le niveau des prix, plus élevés qu'ailleurs.


La pagode Thatbyinnyu, construite au début du XIIème siècle, tranche dans le paysage par sa taille (61 mètres) et sa couleur. On aperçoit de loin sa masse grisâtre. Elle se compose de deux grands blocs superposés, dont les arcs en flamme surplombant les portes et les fenêtres symbolisent le dynamisme de l'empire de Bagan, un demi-siècle après sa fondation. Trois terrasses sont intercalées entre les deux blocs et trois autres terrasses sont ponctuées par un shikhara peu élevé. L'ensemble est harmonieux, mais l'intérieur ne présente aucun intérêt. 





Ananda, en revanche, est remarquable, tant pour son architecture extérieure et intérieure que pour sa statuaire. Ce temple a été construit au XIème siècle par le troisième roi de Bagan, Kyanzittha. On accède à l'intérieur par une longue allée couverte, bordée d'échoppes de marchands de souvenirs et d'offrandes. On y découvre quatre Bouddhas debout de 9 mètres de haut chacun en bois sculpté, recouvert de stuc peint (seuls deux sont des originaux datant du XIème siècle, les autres sont plus récents) face aux quatre points cardinaux. On peut emprunter deux déambulatoires concentriques et admirer alors un ensemble de niches aménagées sur plusieurs niveaux, de plus en plus petites au fur et à mesure que le niveau est élevé. L'ensemble fait penser à un pigeonnier, mais chaque alvéole contient une statue ou une statuette de Bouddha. Tout le pourtour de la base du temple est orné de tablettes en terre cuite (assez abîmées), intégrées à la face extérieure, représentant des animaux et des démons. Les cinq terrasses sont elles aussi ornées de tablettes de céramique sur lesquelles figurent la totalité des 547 récits de Jatakas (succession des réincarnations antérieures du Buddha). Le tout est couronné par un shikhara, tour de temple inspirée d'un modèle du Nord de l'Inde. Des travaux de rénovation sont en cours sur le toit. Rien que les escaliers et les échafaudages en bambou méritent un coup d'œil !


















La pagode de Sulamani a été notre étape suivante. Les peintures murales d'une grande finesse en font un vrai bijou. Nous nous sommes longuement attardés à les admirer. La pagode elle-même date de 1183 et est due au roi Narapatisithu (1174-1211). Elle possède deux étages composés de blocs superposés et une base carrée avec un vestibule à l'Est qui recèle un grand Bouddha, alors que les trois autres côtés et l'étage supérieur abritent des Bouddhas plus petits.



















Nous avons fait une première pause brève au Bagan Hôtel, réputé pour la vue qu'il a sur le fleuve, pour ses jardins et pour les deux petites pagodes qui y sont implantées. L'une d'elles, nommée Shin Pin Thet Taw Shae, date du 12ème siècle.

La pagode Gaw Daw Palin date de 1203. Elle est grisâtre comme la pagode Thatbyinnyu, mais il s'en dégage un certain romantisme.

C'est en sortant de cette pagode qu'Olivier est passé entre les mains d'une vendeuse qui lui a posé sur le visage deux touches de thanaka. Nos fidèles lecteurs ont pu être surpris de voir sur nos photos de nombreuses personnes ayant le visage recouvert d’une légère couleur jaunâtre. Il s’agit tout simplement du fameux thanaka, un des plus classiques et traditionnels cosmétiques birmans. Il est utilisé quotidiennement par une bonne partie de la population pour ses qualités tout à la fois antiseptique, astringente et déodorante. En effet, issue de deux espèces d’arbre de la famille des Rutaccea (citronniers), le thanaka dégage un délicat parfum d’agrume. La pâte de thanaka a de nombreuses autres propriétés : celle de rendre la peau douce, de soigner ou de prévenir l’acné mais surtout de protéger la peau des rayons du soleil. Traditionnellement, elle est obtenue en râpant un petit rondin de Rutaccea sur une pierre circulaire - kyauk pyin – et en y ajoutant un peu d’eau. Avec la modernité, de plus en plus d’urbaines l’achètent préparé en poudre ou en savon.  Si le thanaka est appliqué le plus souvent de manière circulaire sur les joues, certains ou certaines font valoir une recherche esthétique pour le plus grand bonheur des photographes voyageurs.  




Daté du 11ème siècle, la pagode Pahtothamya illustre l'influence qu'ont pu avoir les Sri Lankais. Ses fresques sont parmi les plus anciennes de Bagan.

Natlaungkyaung est le seul temple hindou de Bagan.

Nous avons fait la pause déjeuner vers midi, au restaurant The Moon, directement concurrent de celui où nous étions allés hier (ils se font face et sont tous deux végétariens), histoire de les comparer. Léger avantage peut-être à celui d'hier !

Après un passage par la piscine de l'hôtel, nous avons repris nos visites avec un tour à la pagode  Mingalazedi, pagode "porte-bonheur", bâtie en 1268. La légende veut que les travaux de construction aient été si pénibles qu'une rumeur se propagea que son achèvement marquerait la fin de l'empire birman. Les travaux furent dans ces conditions interrompus par le roi Narathihapati et ne reprirent qu'après consultation de sages bouddhistes. Dix ans après l'achèvement des travaux, la prophétie se réalisa. Les troupes de Kubilaï Khan défirent l'armée birmane et Narathihapati fut empoisonné par son fils... Le pourtour des trois terrasses était agrémenté de l'intégralité des 547 récits des Jatakas, inscrits sur des tablettes en terre cuite vernissée.





Nous avons trouvé une pagode moins fréquentée que celle d'hier soir pour admirer un nouveau coucher de soleil, North Guni, à proximité de Damma-yan-gyi. S'il n'y avait pas eu le bruit de moteurs de trois ou quatre bus qui continuaient de tourner, bien qu'étant à l'arrêt, l'instant aurait été sublime. C'était quand même très bien...





Nous avons dîné au bord du fleuve, au restaurant King Si Thu, et avons bénéficié d'un spectacle de marionnettes traditionnelles birmanes (Yoke thé). On se demande toujours, en le voyant à l'œuvre, comment le marionnettiste ne mélange pas les fils qu'il manie (jusqu'à dix-huit, voire vingt par marionnette), surtout quand il faut donner vie à des bras, des jambes, une tête, un corps et même des yeux par des battements de paupières !



Je ne terminerai pas cette troisième journée à Bagan sans rendre un hommage tout particulier à... nos pieds. Parole de fantassin ! Nous avions été prévenus, notamment par Elisabeth O. qui a fait deux voyages en Birmanie : les pieds souffrent en Birmanie, et notamment à Bagan ! Eh bien, c'est très vrai. Les grottes de Hpa An avaient, il est vrai, été un bon entraînement pour nos pieds. A Bagan, où plus qu'ailleurs, on passe son temps à se chausser et à se déchausser (et pas question de porter des chaussettes dans les temples, faut-il le rappeler !), ils sont sollicités en permanence pour franchir des passages en terre battue parsemés de petits cailloux ou brindilles perfides, marcher sur des sols irréguliers, grimper des escaliers faits en briques grossières et râpeuses, aux marches souvent hautes et étroites. La plante des pieds finit par être un peu douloureuse et crie souvent "grâce", le soir. Un bon bain lui fait le plus grand bien...

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