lundi 16 février 2015

13 février 2015 : Thandwe (Ngapali Bach)

Voyager en Birmanie actuellement revient, par certains aspects, à remonter le temps... On imagine assez bien quel pouvait être l'aspect des villes françaises à l'époque où aucun système de collecte et de traitement des ordures ménagères n'existait, a fortiori le tout-à-l'égout. C'est aussi une économie où on récupère un maximum de choses. Une épave de véhicule est désossée complètement - on l'a bien vu à Rangoon - et les moindres boulons sont récupérés, même si on peut douter parfois qu'ils puissent être identifiés et utilisés, le moment venu, compte tenu du capharnaüm ambiant. A deux pas de la Chine qui inonde l'Europe et l'Amérique du Nord de ses produits à bas prix et durée de vie limitée, des artisans fabriquent ou réparent encore avec minutie, dans des ateliers de fortune, des biens d'équipement, comme des vieilles machines à coudre type Singer... 

Quelques paradoxes sautent aux yeux du nouveau-venu. La masse de la population est d'une extrême pauvreté, mais consent des sacrifices financiers importants pour la religion sous forme d'aumônes aux moines et de multiples offrandes dans les temples (bouquets de fleurs, compositions à base de fruits, bols remplis d'aliments courants, espèces). Les maisons en bois sont souvent en piteux état, mais équipées d'une antenne parabolique. Les gens sont souvent très simplement vêtus, mais un smartphone est toujours glissé dans le sarong à hauteur de la ceinture. Comme au Mali, on a zappé l'étape du téléphone fixe pour passer directement au mobile.

On sent une grande ferveur religieuse, mais aussi beaucoup de bienveillance, au pire de l'indifférence, à l'égard des visiteurs étrangers sur les lieux de culte. Aucune pagode, jusqu'à présent, ne nous a été interdite. Il faut bien sûr se plier aux exigences de base (avoir une tenue correcte, être pieds nus). Dans les lieux les plus emblématiques, des pantalons amples sont mis à disposition des visiteurs et visiteuses dont le short serait trop petit ! 

A  aucun moment, contrairement à ce que j'ai pu constater en pays musulman, je n'ai eu le sentiment que la religion faisait peser une chape de plomb sur la société en multipliant les interdits (qui ont d'ailleurs surtout pour objet de préserver l'emprise des religieux et des pouvoirs politiques qui leur sont liés, sur la population).

La société reste sans doute très traditionnelle mais, dans le quotidien, on ne constate aucune discrimination entre les sexes (à l'exception de quelques rituels bouddhistes), que ce soit dans l'exercice des activités économiques, dans l'utilisation des moyens de transports, dans le comportement général.

La société birmane semble très pudique, mais en même temps un jeune homme et une jeune femme peuvent s'afficher en public, même non mariés...

En ce qui nous concerne, le rythme s'est ralenti aujourd'hui. Après un copieux petit déjeuner pris sur la terrasse qui fait face à la mer, nous avons loué des vélos pour la journée et avons reconnu  les environs. Un premier tour, ce matin, nous a confortés dans le sentiment premier que le développement touristique était maîtrisé... pour l'instant. Pas de grands hôtels qui défigurent le site, comme à Cancún, Marbella ou, plus près pour comparer ce qui est comparable, en Thaïlande ! Quelques boutiques de souvenirs, mais sans envahissement ! Pas de discothèques, ni de bars bruyants ! Une plage propre avec seulement quelques paillotes, en retrait et bien tenues ! Quelques stands de massages sur la plage ! Pas de colporteurs et autres solliciteurs envahissants, tout juste une ou deux vendeuses de fruits qui vont et viennent d'un pas lent, leur charge en équilibre sur la tête ! Pour combien de temps encore ? 


Nous avons pu voir deux petits villages de pêcheurs, à l'heure où les derniers bateaux que nous avons vus hier soir pécher au lamparo, rentrent avec leurs barriques remplies de poissons grossièrement triés, et où des femmes étalent sur de grands filets bleus étendus sur le sol, la petite friture pour qu'elle sèche, avant d'être transformée en ngapi, une sorte de pâte assez salée, au goût fort de poisson (ou de crevette), peu appétissante et vendue dans les marchés dans de grandes bassines,















Dans l'ensemble, nous avons trouvé les habitants de ces villages nettement moins accueillants que les "Birmans" côtoyés jusqu'ici (à part bien sûr, le personnel de l'hôtel, tout sourire !). Sans être hostiles, ils se montrent fermés. Il est difficile de savoir si cela tient au tempérament local, ou bien s'ils éprouvent une certaine rancœur à l'égard des clients des hôtels pour qui des efforts sont consentis pour leur garantir l'eau et l'électricité qui leur sont à eux, comptés, ou bien encore s'il faut voir un phénomène de rejet dû au comportement déplacé de certains touristes peu respectueux, notamment de femmes occidentales qui n'hésitent pas à étaler leur cellulite en se promenant en bikini parmi les villageoises (qui, elles, sont en plein travail et ne connaissent pas le maillot de bain) et les prennent en photos sans même leur adresser un sourire, comme nous l'avons vu ce matin...

Après une pause aquatique, nous avons fort bien déjeuné, à une heure très espagnole, dans une des paillotes dénommée View Point, tenue par un autochtone bon anglophone, Ko Naing. 


Nous avons continué ensuite d'explorer le secteur, en allant voir deux hôtels, histoire de les comparer au nôtre, et en visitant une pagode signalée de la route (difficile d'imaginer en Birmanie un jour sans pagode !), qui ne présentait guère d'intérêt. Nous commençons à être très difficiles...

Nous avons terminé l'après-midi par un nouveau bain de mer en ayant une pensée particulière pour tous nos ami(e)s qui grelottent en France, et assisté à un nouveau coucher de soleil. 



Nous avons essayé pour le dîner, une autre paillote, recommandée par plusieurs guides, "Green Umbrella". La cuisine à base de produits de la mer était à la hauteur de nos espérances et nous avons profité pleinement du spectacle des petits bateaux pêchant au lamparo.

Petit point noir : la liaison Internet est trop faiblarde pour nous permettre de tenir à jour le blog. Le retard risque de s'accumuler de nouveau...


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