jeudi 19 février 2015

18 février 2015 : périphérie de Mrauk U (villages Chin)

Nous avons pu nous refaire aujourd'hui une santé au grand air, loin de la poussière de Mrauk U. Nous avons embarqué dans un petit kombi devant l'hôtel, à 8 heures, avec notre amie sud-coréenne, Tongha, et deux Américaines, Sonia et Michelle, qui séjournent aussi au Prince Hôtel.

Nous avons traversé une plaine agricole apparemment très peuplée, qui attend la mousson pour donner le meilleur d'elle-même (notamment du riz) et sur laquelle paissent pour l'instant des troupeaux clairsemés de buffles et de chèvres. Nous avons atteint, une demi-heure plus tard Nanjo, un village au bord du fleuve Limro. Des coolies s'activaient à décharger des cailloux d'un bateau pour les charger sur un camion. La noria donnait l'impression d'une vraie ruche. Plusieurs barques pouvant chacune transporter cinq à six passagers étaient amarrées, dotées d'un auvent pour se protéger du soleil et équipées des inévitables fauteuils en plastique de toutes les couleurs, mis à la queue leu leu. Nous sommes montés à bord de l'une d'elles. 




Nous avons eu droit à un faux départ, "les impondérables du direct". A peine avions-nous quitté le quai qu'une panne nous contraignait à revenir au point de départ. Il faut dire que tous les moteurs sont assez rudimentaires, le résultat d'un "bricolage maison". Le réservoir est un bidon qui pend au-dessus du moteur. Mais notre capitaine était aussi un bon mécano. En un quart d'heure, la réparation était effectuée et un nouveau départ était pris à 8 heures 45.

    A observer, le réservoir en suspens...

    Notre pilote

Le fleuve est large de plusieurs centaines de mètres au départ. Quelques traversiers permettent ça et là à la population de passer d'une rive à l'autre. De nombreux filets de pêche sont tendus dans le cours du fleuve très poissonneux. L'activité de cabotage (galets extraits du lit du fleuve, bois, produits agricoles) est importante et on se demande parfois comment certaines embarcations ne coulent pas, tellement la ligne de flottaison est proche du niveau de l'eau.


 




Au bout d'une heure, nous avons accosté dans un premier village, Panmyung, côté rive gauche. La rue principale, parallèle au fleuve, est en terre battue. Elle est le siège d'un marché, six jours par semaine (sauf le dimanche). L'ambiance y est détendue. Les gens sont souriants. Il ne faut bien sûr pas être trop regardant côté normes sanitaires ! Nos DDCSPP sanctionneraient sans doute pas mal d'écarts... Parmi les spectacles insolites, j'ai noté la préparation des noix de bétel et le recours à des buffles comme animaux de trait.

    Vendeuse de tabac et de bétel 



    La pharmacienne

    Au milieu des pommes de terre (ici à peine plus grosses que des pois chiche)

   Jeunes joaliers au travail




Olivier ayant repéré un cabinet médical ayant pignon sur rue et sans patient (il allait fermer), j'ai eu une expérience inédite : j'ai consulté le médecin pour tenter de trouver un remède à ma trachéite. Il m'en a coûté 7 000 kyats (6€), médicaments compris. J'ai eu droit à une ordonnance et les médicaments remis correspondent très exactement au traitement prescrit. Il n'y a ainsi pas de gâchis. Nos sociétés occidentales pourraient en prendre de la graine. De quoi contenir les dépenses de santé !

    la consultation 

Nous sommes repartis vers 10 heures 30, toujours en direction de l'amont, et avons navigué une heure et demie. Peu à peu, le relief est plus marqué et la végétation plus dense. On longe des collines boisées. On devine l'importance du fleuve pour toute cette population : moyen de communication et d'échange en l'absence de route, approvisionnement en eau, en absence d'adduction et de système d'irrigation en saison sèche, sources d'activités (gravières, pêches). Nous avons observé pas mal de cultures sous tonnelles.

A midi, nous avons atteint un premier village Chin, Pan Bow (les trois que nous verrons sont à peu près les seuls qu'on puisse voir dans le pays, car l’Etat Chin lui-même reste une région où les tensions sont grandes et qui est sous haute surveillance du gouvernement). Comme nous nous y attendions, nous avons été accueillis par un groupe de vieilles femmes tatouées. Elles perpétuent une tradition qui s'éteindra avec elles sans doute, le dernier tatoueur ayant disparu et les jeunes femmes refusant désormais de se plier à la coutume. Le tatouage avait pour but ''d'enlaidir" les jeunes filles Chin pour les protéger des convoitises extérieures ! Les femmes aux visages maintenant très ridés, ont un sens parfait du marketing. Elles sont sur un point de passage obligé des visiteurs au sortir des bateaux, se lèvent à leur arrivée pour leur serrer la main, se laissent photographier et n'insistent pas trop pour vendre leurs pièces de tissu. Nous leur en avons tout de même acheté une pour faire une "bonne action", d'autant que le prix (10 000 kyats) était raisonnable. Nous avons arpenté les ruelles en terre battue du village et pris, sous tous les angles, des photos des maisons construites en bois et sur pilotis. Nous avons fait une entrée remarquée dans l'école pour remettre à l'instituteur quelques fournitures scolaires, dont nos deux Américaines avaient pris soin de se munir.







   Séchage de poivre



    L'école



A peine étions-nous remontés à bord, que des barquettes (excellentes) de nouilles aux légumes et à l'omelette nous furent distribuées avec les baguettes adaptées. Nous avons tout juste eu le temps d'en manger le contenu, avant d'accoster dans un second village Chin, Show Mien, où nous avons passé trois quarts d'heure. Là encore, nous avons fait une apparition à l'école baptisée Ivano School, don de l'ONG italienne Moses, pour remettre quelques fournitures scolaires.





Nous avons repris le bateau et commencé à rebrousser chemin, avant de nous arrêter au bout d'une demi-heure dans un troisième et dernier village Chin, situé, contrairement aux précédents, sur la rive droite du fleuve, Ketch Show où nous avons passé trois quarts d'heure, le temps de parcourir quelques ruelles et d'assister à une partie de "chinlon" (un jeu de balle en rotin appelé aussi "cane ball") entre trois gamins très agiles.





    Fabrication de poudre de riz pour faire des gâteaux 

Nous avons repris notre bateau à 15 h 15 pour un retour sans escale. Le long des rives, c'est l'heure du bain tout habillé pour une grande partie de la population. 


Nous avons retrouvé notre kombi peu avant 17 heures et l'hôtel, une demi-heure plus tard.

L'excursion a été à la fois agréable, loin de l'agitation, du bruit (sauf celui du moteur de notre bateau) et de la poussière. Les trois villages se ressemblent. Ils comptent entre 200 et 300 habitants chacun. Ce sont vraiment des curiosités en ce sens qu'ils semblent hors du temps (même si certaines maisons sont équipées là encore de capteurs solaires et d'antennes, et si nous avons vu des gamins rassemblés autour d'un lecteur de dvd poussiéreux pour voir sur un petit écran un dessin animé). 

Ils vivent surtout d'une équipe économie de subsistance faite pour l'essentiel de production agricole, de pêche, de l'élevage de porcs laissés en liberté et de coupe de bambous. Les villages sont propres dans l'ensemble, assez bien structurés. Les maisons ont souvent un enclos. L'espace en est compartimenté avec un coin cuisine et une pièce à vivre à l'étage, le stock de bois bien rangé en-dessous.

Nous devenons casaniers. Repos sur place après la douche, d'autant que c'est l'heure des travaux d'écriture et de sélection des photos prises dans la journée ! Nous avons dîné d'un copieux curry de poulet pour moi et de poisson pour Olivier. Nous n'avons pas non plus fait de vieux os, car nous avons prévu demain, tel Chanteclerc, de "réveiller le soleil".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

N'hésitez pas à laisser un commentaire...